Depuis quelque temps, l’incitation à la consommation des produits locaux et à la maîtrise des importations est au cœur de l’actualité. Une orientation qui semble devenir une nouvelle tendance stratégique de la politique de développement nationale.
Une tendance qui répond certainement au souci de bien contrôler les dépenses, de relancer l’appareil productif, qui tourne encore au ralenti, et de générer ainsi plus d’emplois et donc plus de richesses.
Elle répond aussi au souci, et c’est bien là un élément important, de mieux contrôler le marché parallèle qui continue d’être un refuge fiscal parfait pour certains mais cause aussi un manque à gagner considérable pour l’Etat.
Pour rappel, et selon les dernières statistiques disponibles, le secteur informel représente plus de 27% du PIB et coûte environ 17 milliards de dinars, bien que certains spécialistes financiers avancent des chiffres beaucoup plus importants.
Des pertes donc assez conséquentes, surtout pour un pays qui se retrouve, depuis des années déjà, en panne sèche financière et qui est tenu par l’urgence d’identifier les parades adéquates pour alléger, même progressivement, les pressions financières et améliorer, par conséquent, ses ressources.
Le soutien de l’offre locale et la maîtrise des circuits de distribution interviennent donc comme des pistes que nos «architectes» économistes pensent efficaces.
On apprend d’ailleurs qu’un nouveau document a été signé tout récemment pour l’application d’un visa d’import pour les opérateurs.
Certes, et vue dans son ensemble, cette tendance à mieux gérer les importations et à soutenir, du coup, les produits locaux est tout à fait légitime et bien fondée. Car au-delà de ses implications financières, cette disposition aurait pour mérite de créer une réelle dynamique économique au triple niveau de la production, de la fabrication et de la distribution. Elle aurait également pour avantage d’impulser le marché de l’emploi et, plus important encore, de préserver certaines filières menacées sérieusement par les nouvelles technologies et en particulier par le fléau de l’intelligence artificielle. Sans parler, bien entendu, des dimensions environnementales et sanitaires notamment.
Il convient de reconnaître toutefois que l’application de cette nouvelle disposition n’est pas aussi facile que le pensent certains. Elle est à la fois complexe et trop «sensible». Elle nécessite de la réflexion, de la planification et de l’adoption de mesures organisationnelles spécifiques.
La Tunisie est, en effet, membre de l’Organisation mondiale du commerce et elle est liée, en parallèle, par de multiples accords et traités commerciaux internationaux, ce qui implique forcément le respect de certaines règles et le suivi de lignes de conduite conformes aux chartes internationales en vigueur.
Mais on estime toutefois que les engagements internationaux de la Tunisie, bien qu’ils limitent sa marge de manœuvre, ne sont heureusement pas trop contraignants.
Cela est d’autant plus vrai que les accords de l’OMC, notamment, autorisent les pays membres à entreprendre des dispositions techniques nécessaires pour protéger leur production et leur industrie locales.
Il suffit donc de trouver la formule adéquate.